Les origines de Vineuil
Le vieil hameau de « Vinolium » (son nom au 12ème siècle), ne devait comprendre qu’une habitation-manoir.
Dans ses notes historiques sur « Chantilly et la rive droite du grand Canal », Monsieur G. Macon, ancien secrétaire du Duc d’Aumale, puis premier conservateur du musée Condé, nous donne les meilleures sources sur les origines de Vineuil.
« En l’année 1098, Raoul de la Fontaine Saint-Firmin, donne les dîmes de Saint-Firmin et Vineuil au prieuré de Saint- Nicolas d’Acy. Raoul était vassal de Josbert Choisel, qui devait habiter Vineuil. »
« Vers 1166, Simon de Choisel achète au prieur de Saint-Nicolas, un arpent de terre contiguë à sa maison. »
Cette maison manoir, avec ses terres et ses bâtiments de ferme qui l’entouraient, devait se situer derrière la fontaine de Vigneil (la fontaine Narcisse actuelle) et la rivière la Nonette, dans la prairie près du pont actuel. Le grand Canal n’était pas creusé et la rivière serpentait au milieu des prairies marécageuses et des tourbières.
« En 1420, Hugues de Vineuil vend 7 arpents de terres aux moines de Saint-Leu d’Esserent. »
« En 1367, Jean de la Oultre, Seigneur de Vineuil, avoue tenir de l’Abbé de Saint-Denis, la moitié de l’hostel de Vigneil lez Chantilli et l’enclos du fossé, la fontaine du dit hostel, le coulombier et le courtil ou y siet, 2 arpents de pré, 4 hostises en la ville de Vigneil… »
« En 1430, ces biens furent achetés par Pierre d’Orgemont, Seigneur de Chantilly. Les constructions sont en mauvais état. Les terres pour la plupart, sont en genièvres et en buissons. »
La Jacquerie et la guerre de Cent ans ruinèrent à peu près complètement notre région; les villages étaient dépeuplés, les habitants dispersés ou disparus.
Ce n’est qu’après 1470 que Pierre III d’Orgemont remit en valeur son domaine de Chantilly. Pour y parvenir, il fixa des familles de laboureurs sur le sol, par des concessions de terres, c’est-à-dire par le bail à cens et rente foncière (le loyer est de 10 muids de grain, 4 pourceaux gras ou 4 livres parisis).
Se construisent alors des maisons; le long du chemin de Vineuil à Saint-Leu, vers le bosquet de Vineuil à l’Ouest et vers le chemin de Senlis à l’Est.
Il faut de la pierre pour les constructions et elle abonde dans le sol, c’est peut-être là le début des carrières à Vineuil.
Le vieux manoir fut converti en fermes. Il n’en reste rien à part quelques restes de murs de fondations sur lesquelles furent construites les dépendances de la Ménagerie au 17° siècle.
Plus vers l’Est, les maisons se construisaient également. La route venant de Chantilly partait à droite de la porte Saint-Denis, partait en ligne droite à travers les prairies de la Nonette et aboutissaient sur une assez grande place, laquelle se trouvait devant l’hôtel Sainte-Barbe actuel mais plus en retrait.
Au fond de cette place fut construite vers 1535, par le Connétable Anne de Montmorency, la chapelle Saint-Pierre, une des 7 chapelles qu’il fît bâtir autour de son château, rappelant les 7 collines de Rome et leur pèlerinage. Cette chapelle servit aux habitants de Vineuil pendant longtemps, elle fut ensuite démolie et reconstruite plus au Nord de la route puis incorporée dans la propriété « Maison Saint-Pierre ». Ce n’est que vers la fin du 19° siècle que le Duc d’Aumale fit aménager la chapelle actuelle dans une ancienne grange.
Et Saint-Firmin ?
C’est vers le septième siècle que l’on a commencé à donner des noms de Saints aux lieux habités.
De nombreuses sources d’eau, très abondantes, s’écoulent au bas de Saint-Firmin et c’est près d’elles que s’installèrent les premiers habitants. Peut-être Saint Firmin lui-même s’y est-il arrêté et nos ancêtres, en reconnaissance, ont appelé leur village « Sanctus Firminus ».
C’est une explication un peu simple…
Quelques dizaines d’années plus tard, on est passé à l’appellation de « Fontaine Saint-Fremin » puis, au 14° siècle, à « Fontaine Saint-Firmin ».
Sous ma révolution, ce fut « Firmin » tout seul et, un moment seulement, « Montagne sur Nonette ».
On reprend le nom de Saint-Firmin sous l’Empire et le hameau de Vineuil étant devenu plus peuplé, des constructions s’étant édifiées entre l’église et le cimetière à l’Est et la nouvelle Mairie à l’Ouest, le décret du 8 mai 1909 a sanctionné la naissance de notre commune de Vineuil Saint Firmin.
La physionomie de Saint-Firmin n’a pas beaucoup changé au cours des ans mais, à l’origine, les habitations étaient surtout concentrées dans le bas du pays, entre le Calvaire actuel et la rivière.
La Nonette coulait, très vive et très abondante; elle actionnait des moulins à blé, à huile et à drap.
Tout cela a été bouleversé et démoli il y a trois cent ans lors du creusement du Grand Canal, de l’Octogone, de l’aménagement de la cascade et de la tête du Grand Rond, tels qu’ils sont encore aujourd’hui.
La population était surtout composée de cultivateurs (on disait alors laboureurs) et d’officiers au service des Princes du Château de Chantilly. Leurs dalles funéraires sont dans l’église, quelques unes sur les murs, les autres servant de pavement aux allées.
La terre était assez morcelée et ce n’est que le Duc d’Aumale qui réunit par ses achats les propriétés de ce que l’on appelle « le Château de Saint-Firmin » et « la Maison de la Nonette » à son Domaine de Chantilly.
L’église, dont nous reparlerons, fut construite vers 1540 par les Montmorency, seigneurs de Chantilly. C’était leur paroisse jusqu’à la construction de l’église de Chantilly, en 1660.
Le cimetière était autour de l’église, il fut déplacé en 1850 et c’est ce qui explique que l’on n’y trouve aucune sépulture antérieure à la Révolution.
La route de Senlis qui portait le numéro 4 (route départementale) fut élargie au début du 19° siècle.
Saint-Firmin ne communiquait avec Avilly que par la route d’Avilly actuelle, très en pente et dangereuse pour les voitures à chevaux. Ce n’est qu’après la guerre de 1870 que la route directe actuelle fut percée au travers des près après des démarches qui ont duré plus de 20 ans.
Notre petit pays, tel que nous le voyons aujourd’hui a été constitué en commune dite de Vineuil Saint Firmin, par le décret du 8 mai 1909, réunissant la commune de Saint Firmin au hameau de Vineuil.
Saint Firmin dont la physionomie n’a pratiquement pas changé depuis la construction de l’église, gardait toujours a peu près la même population de 260 habitants en moyenne. Au contraire, le hameau de Vineuil, autrefois englobé dans le grand parc du château de Chantilly, était devenu trois plus peuplé et ceci depuis le début des années 1800. De plus par le décret du 6 Août 1851, les terrains de l’ancienne Ménagerie, depuis la rue de la Colonne jusqu’à la porte Saint-Leu, étaient détachés de la commune de Saint-Maximin trop éloigné, et rattachée à Vineuil.
La superficie totale du territoire de Vineuil Saint Firmin est de 778 ha, c’est à peu près un rectangle régulier limité :
Au Nord, vers Apremont, par le carrefour de la table et ses allées y aboutissant : allée de St Maximin et allée de Courteuil.
A l’Est, vers Courteuil, par la route de la vallée Pannier et le haut du coteau du ruisseau du Courtillet.
A l’Ouest, vers Saint-Maximin, par la route des Huguenots et le vieux chemin de Clermont en descendant vers le grand Canal et Chantilly.
Au Sud, vers Avilly par la Nonette puis par le grand Canal creusé et aménagé avec ses bassins et sa chute d’eau il y a plus de 300 ans, et qui nous sépare de Chantilly.
Le domaine de Chantilly possède plus de 300 ha de bois, de terres et d’habitations à Vineuil et à Saint-Firmin, c’est le plus important propriétaire de la commune. Cela limite son extension mais lui permet de sauvegarder son aspect verdoyant.
La population (en 1971) est de 1483 habitants, elle était de
877 habitants en 1820
934 habitants en 1851
1287 habitants en 1901
L’augmentation est lente mais toujours régulière, 70% en 150 ans.
Cependant, le nombre d’habitations a plus que doublé pendant le même espace de temps, mais les maisons carrières ont disparu, il en avait 73 en 1830. Il y a eu beaucoup de constructions neuves durant ce laps de temps, les habitants sont moins groupés qu’autrefois dans les foyers où l’on se groupait à plusieurs ménages.
Une des caractéristiques de la population de Vineuil-Saint-Firmin est la proportion de personnes étrangères, de toutes les parties du monde, venues y habiter (de 32 en 1851, elles étaient 63 en 1901), attirées sans doute par la proximité de Chantilly et de son champ de courses, les belles demeures de nos rues et le service du château.
Alors qu’avant 1840 la population ne se déplaçait que très peu, les mariages se faisaient la plupart du temps entre gens des pays voisins (Chantilly, Apremont, Avilly, Coye, très peu Senlis ou Creil), les vieux noms de famille se retrouvent de génération en génération et certains remontent à plusieurs siècles. A partir de la construction des chemins de fer, vers 1850, on voit apparaître des familles venues du Nord et du centre de la France, pour travailler à la construction des voies et qui se sont fixés à la commune. Et cette « immigration » n’a fait que s’accentuer depuis avec les facilités des transports, des guerres etc …
Les noms de rues à Vineuil.
Pourquoi la rue des Sœurs ?
C’est vers 1647 que fut fondée la Charité de Vineuil par Charlotte de Montmorency (mère du Grand Condé).
C’est peu avant cette date que Saint Vincent de Paul avait fondé la Congrégation des Filles de la Charité. Ses confréries se répandaient en Ile de France. Elles avaient pour mission le soin aux malades et aux infirmes, l’aide aux pauvres mais également d’aider les personnes âgées et aussi d’apprendre à lire aux filles, tout aussi bien à Vineuil qu’à Chantilly qui, peu peuplé, n’était pas encore une paroisse.
Les temps étaient troubles, c’était la période de la Fronde. « Pas une route sûre, les paysans ruinés se réunissaient en bandes, dépouillant et tuant ceux qu’ils rencontraient… L’épouvante était générale… les soldats prenaient tout… les communications interrompues… »
A la création, deux sœurs seulement furent installées et « son Altesse faisait payer la dépense chaque année ».
Par son testament, peu de temps avant sa mort en 1850, Charlotte de Montmorency veut assurer l’avenir de la Fondation en lui léguant en rente annuelle de 1000 livres.
La première Fille de la Charité arrivée à Vineuil avec « le titre évangélique de servante des pauvres malades » fut une Sœur nommée Jeanne Etienne.
Mais la Charité de Vineuil ne tarde pas à perdre ses protecteurs. Le Grand Condé est emprisonné, vient ensuite la deuxième Fronde, la guerre civile est déchaînée, Condé et Turenne sont aux prises, le pays est à feu et à sang, Condé est condamné, ses biens confisqués et « Chantilly eût le Roi de France pour Seigneur ».
La Charité de Vineuil subit le contrecoup de ces secousses, l’argent et la nourriture durent être empruntés mais la Reine-Mère, Anne d’Autriche, aidé par le Marquis de Saint-Simon devenu Capitaine du château, protégea efficacement la Charité.
La Charité de Vineuil fût d’abord installée dans une maison louée (à droite en montant la rue depuis la place de la Croix). Cette maison n’existe plus mais la rue a été appelée Rue des Sœurs en reconnaissance et en remerciements des soins qu’elles prodiguèrent aux habitants de Vineuil de Saint-Firmin pendant plus de 75 années. Le Duc d’Aumale perpétuera le nom de la Charité en donnant ce nom à sa propriété achetée en 1872.
La Charité de Vineuil fut transférée en 1656 dans un autre local situé dans le même quartier. On ignore si cette seconde maison fut acquise ou louée, si elle est la même que l’immeuble ou fut l’hôpital. Le fils du Grand Condé qui « en 1688 acheta une maison couverte de chaume, chambre basse, grange et masure, estable, cour et jardin, ainsy que le tout s’estend et comporte, situez à Vineuil; tenant d’un costé à la maison de l’hospital, establyaudit Vineuil, d’autre costé audit hospital; d’un bout et d’autre à la rue et à le euve Jacques Solesnes et aux héritiers et veuve d’Antoine Bodiot… pour 450 livres » » acquisition de la susdite maison pour accroitre et augmenter tant les bâtiments que la cour de ladite maison de la Charité située audit Vineuil et fondée par feue Madame la Princesse, laquelle présente acquisition appartiendra et demeurera audit hospital doresnavant et toujours… »
L’emplacement de ces immeubles est facile à déterminer :
L’hôpital, la Charité et ses dépendances occupaient tout le côté nord de la rue des Sœurs;
A l’est: à l’arrière de l’hôtel Ste Barbe qui existait déjà à cette époque
A l’ouest: jusqu’à la place Joyalle.
Les bâtiments principaux ont été démolis au cours des abs, à leur place ont été reconstruites à la fin du 19° siècle les villas de M. Malaquin et de Mme Jean-Bernard. Des bâtiments d’époque, si l’on peut dire, il resterait mais assez modifiées vers l’ouest les maisons de Mesdames Denis et Dufour et une partie des maisons au fond de l’ancienne impasse (dans l’angle nord-est de la petite place).
« L’hôpital de Vineuil était comme une petite métairie où une étable, une basse-cour, un rucher entourés de jardins fournissaient pour la vente, veaux, cochons, poulets, beurre…en même temps qu’ils égayaient les yeux des malades… »
Notre rivière « la Nonette »!!!
D’où son nom de Nonette?
De savants étymologistes disent au latin Nonna, d’où les dérivés Nonnains, Nonnus, qui veut dire pure, Nonetta, nom qu’elle portait vers l’an 1250. D’autres, plus simplement, avaient-ils remarqué que la Nonette traversant des terrains calcaires puis argileux, ne brillait pas toujours par la limpidité de ses eaux, d’où Non-nette, (aqua non nitida), et ceci en opposition avec son affluent, l’Aunette, eau nette, (aqua nitida), dont ils avaient remarqué la pureté des eaux.
Prenant sa source au-delà de Nanteuil-le-Haudoin à l’est, elle coule vers l’ouest en séparant les deux massifs forestier d’Ermenonville et Chantilly au sud et d’Halatte au nord. Drainant les eaux d’un assez vaste bassin sur 41 km de longueur et grâce à de nombreuses sources qui s’y déversant, ellea un débit à peu près régulier.
Débit qui semble pourtant moins important qu’autrefois où elle était sujette à des crues importantes et soudaines : on explique la proximité des églises de Courteuil et de St-Léonard, situées chacune sur une rive et à peu de distance l’une de l’autre par le fait que, au Moyen-Age, pendant les crues, il était impossible aux habitants de traverser : ils ont donc construit une église dans leur paroisse respective. Puis au fil des ans, on a aménagé ses rives, nettoyé son lit, creusé des étangs, construit des moulins qui ont régularisé son cours et asséché les marais qu’elle traversait. Et le captage des eaux souterraines à grande profondeur à Senlis et au-delà pour la distribution aux habitants, a du ajouter à la diminution du rendement des sources affleurant le sol.
La Nonette pénètre sur le territoire de Vineuil-Saint-Firmin à la ferme du Courtillet et reçoit à peu après son dernier affluent, les eaux de la Fontaine Rondeau qui draine les marais d’Avilly sur la rive sud.
Autrefois, elle actionnait la machinerie de la Blanchisserie et malgré son nom, « eau non nette », elle donnait une blancheur remarquable au drap et à la toile : le blanc de Senlis était de très bonne renommée. A la chute du moulin d’Avilly, appelé autrefois « la Clouterie » où l’on fabriquait autrefois des clous et des épingles, la Nonette se divise en deux parties :
à droite, elle sort du moulin et elle coule au bas de Saint-Firmin, recevant une douzaine de sources et elle rejoint le grand canal.
à gauche, elle rentre dans le parc du château de Chantilly par un petit canal creusé par la main des hommes et servant à alimenter la Tête du Rond du grand canal.
Cette Tête du Rond du grand canal est un endroit peu connu des habitants de Vineuil-Saint-Firmin et des autres aussi! , et pourtant, vu de près c’est assez impressionnant et remarquable par la beauté du décor et les proportions des nappes d’eau. La Tête du Rond est un bassin circulaire de 120 mètres de diamètre ; l’eau s’en écoule par une cascade en demi-cercle et construite en pierres taillées en gorge et par gradins ce qui donne à l’eau tombant de plus de six mètres de hauteur, un bouillonnement exceptionnel que l’on a du mal à se faire une idée lorsqu’on le regarde du pont de Vineuil et que l’on entend de très loin durant les nuits calmes de l’été. Cette cascade tombe dans l’Octogone, vaste bassin à pans, d’où son nom, et de deux cents mètres de diamètre, il marque le début du grand canal.
Le grand canal à soixante mètres de large et deux mille sept cents mètres de long : il a été creusé et construit il y a 300 ans. Il a remplacé l’étang de Gouvieux ou de la Chaussée, vaste étendue d’eau servant de vivier, de réserve à poisson où la Nonette serpentait au milieu de marais et de roseaux ; il était fermé vers l’ouest par une digue en terre sur laquelle passait la route du vieux chemin de Clermont, chemin qui existe encore le long du stade des Bourgognes actuellement. A la fin du mois de février de l’année 1658, après 2 mois de gel et de neige, un dégel rapide amena une brusque montée des eaux, la digue se rompit et l’étang mis à sec.
A la site de cette catastrophe, le Grand Condé, rentré en possession de son domaine de Chantilly, chargea Le Nôtre de l’agencement de son par cet de ses eaux à peu près tels que nous les voyons encore aujourd’hui.
La Nonette coule toujours, plus ou moins claire suivant les mois et le mot à la mode en 1973, la pollution.
Depuis quelques années, sous la direction des services du Génie Rural et des Ponts et Chaussées, un syndicat intercommunal des communes du bassin versant de la Nonette et de ses affluents a été créé. Il a pour but d’assurer un curage complet du lit et un reprofilage des rives aux endroits nécessaires. Ceci pour assurer un bon écoulement des eaux. Il groupe toutes les communes riveraines de Nanteuil le Haudoin à Gouvieux, d’Ermenonville et au-delà à Senlis et Chamant. Chaque commune ou ville paie une cotisation proportionnelle à la population, à la longueur et largeur des rives qui la traversent. Ces sommes réunies et augmentées de certaines subventions du département ont déjà permis la réalisation de travaux qui, s’ils ne sont pas spectaculaires, sont efficaces.
Le Duc d’Aumale et la commune de Saint-Firmin et Vineuil.
Il y a 150 ans….
Le 16 janvier 1822, est né à Paris, au Palais-Royal, Henri, Eugène, Philippe, Louis d’Orléans, duc d’Aumale, cinquième fils du duc d’Orléans, le futur roi Louis-Philippe.
Son parrain fut son grand-oncle, le duc de Bourbon, dernier prince de Condé et propriétaire du domaine de Chantilly.
A la mort du duc en 1830, le duc d’Aumale, alors âgé de huit ans, hérita du domaine de Chantilly.
Le domaine avait été démantelé par la Révolution : le château était rasé, d’autres bâtiments démolis, des terres et des bois vendus.
Le duc de Bourbon avait commencé la reconstitution du parc et le « remembrement » des terres rachetées par des quantités de propriétaires ; nous allons voir dans la suite ce cet article, les accords, les échanges et les ventes de terrain passés entre le Duc d’Aumale, la commune de Saint Firmin et son hameau de Vineuil. Ces accords furent, croyons-nous, passés à la satisfaction des deux parties, l’une pour regrouper et remodeler son domaine, l’autre pour agrandir son territoire, ce qui permettait des constructions nouvelles et, par conséquent, l’amélioration de ses finances.
Nous n’évoquerons pas les accords et achats avec les propriétaires particuliers mais il y en eut cependant beaucoup;
Il y eut surtout beaucoup d’accords pour les chemins. Vineuil, ne l’oublions pas, était compris, avant 1789, dans le parc du château entouré d’un mur percé seulement de postes au droit des chemins de communication avec les communes voisines. Saint Firmin n’a pas beaucoup changé d’aspect : la grande rue, bordée d’habitations, un chemin vers Avilly et un autre montant vers les terres cultivées. La révolution ayant aboli le régime féodal, toutes les terres et places publiques furent réputées appartenir aux communes où elles étaient situées. La loi du 26 juillet 1790 déclare que nul ne peut prétendre à un droit de propriété sur les chemins, rues et places de village. Des lois postérieures ont attribué aux communes le droit de propriété des dites places et « celui d’y planter un arbre »
C’est vers 1800 que fut commencé, à travers les terrains de la Ménagerie démantelée, la construction de la route nationale actuelle, en partant du pont du Grand Canal vers la Fontaine Narcisse.
En 1832, le Duc d’Aumale étant mineur, le Domaine était régi par un conseil d’administration, sous la surveillance de sa mère, la Reine Marie-Amélie. Un différend surgit au sujet de la propriété de la bande de terrain boisée située sur la route nationale actuelle, entre Vineuil et Saint-Firmin, le long du mur du parc et la route que l’on élargissait à cette époque. Le différend fut plaidé en instance à Senlis puis en appel à Amiens et la commune perdit … La Reine fit un don à la commune peu après, pour remboursement des frais de justice.
En août 1845, le Duc d’Aumale demanda à la commune de Saint-Firmin de lui céder le droit de servitude de passage à pied des habitants à travers le parc du Château sur un chemin qui partait de l’hémicycle actuel au bas de la côte par le cailloutis, passait à la tête du rond du Grand Canal (la cascade que l’on voit aujourd’hui depuis le pont de Vineuil) puis, à travers la prairie du hameau, contournait la Caboutière et arrivait par la rive nord de l’étang de Sylvie, à la grille d’honneur – la même aujourd’hui. Il demandait également un bout de chemin à Vineuil, partant du mur du parc au bord de la route nationale en prolongement direct de la rue de la Colonne et aboutissant à travers la prairie à un lavoir découvert, sur la rive droite du grand canal, en amont du pont de Vineuil.
En contre-partie, il offrait :
Un chemin, partant du même endroit, passant derrière la tête du rond et se dirigeant ensuite en ligne droite vers la sente d’Avilly (appelée ainsi maintenant) mais à l’extérieur du mur du parc et arrivant devant la grille d’honneur.
Pour remplacer le lavoir de Vineuil, il proposait d’un construire un autre plus grand et couvert mais en aval du pont de Vineuil. C’est celui que nous avons connu et qui a été démoli il y a une dizaine d’années.
Il offrait en plus une somme de 15 000 francs ou une rente annuelle et perpétuelle de 750 francs.
Après autorisation préfectorale et enquête, le conseil municipal accepta et demanda de conserver l’usage d’un abreuvoir sur la rivière à Saint-Firmin avant la tête du rond. Pour la somme que « Monseigneur veuille bien garder entre ses mains les 15 000 francs qu’il leur offre pour en servir l’intérêt de la commune ». Pour le lavoir de Vineuil, « il s’en rapportait à l’administration du Prince pour la solidarité de la construction ».
Ce lavoir fut construit immédiatement et le 17 décembre 1845 eut lieu le procès-verbal de réception, en présence du Maire de Saint-Firmin, Monsieur Buglier, de trois de ses conseillers, du représentant du Domaine, M.Dugie et de M. Dubois, architecte.
« Ce lavoir a 25 m. de long sur 4 de large, construit sur soubassement en pierre sur 3 côtés, portant poteaux en charpente, les dits portant le comble, le tout en chêne, les chevrons en sapin, recouvert de tuile dit Courtoix; le vide entre poteaux est rempli en brique, la face sur le canal formée de dés en pierre portant poteaux en charpente, la hauteur divisée par une sablure, la partie supérieure remplie en brique avec œils-de-bœuf au nombre de 21, la partie inférieure portant un auvent recouvert en ardoise; le sol est formé de deux gradins séparés par une bordure de pierre. Il y a une tablette pour les laveuses ».
L’année suivante, c’est la commune de Saint-Firmin qui propose à l’administration du Duc d’Aumale, l’abandon total du droit de passage à travers le parc , le parcours de Saint-Firmin à Chantilly étant plus court de 275 mètres par la route nationale terminée. Elle demande en échange un abreuvoir, à construire à côté du pont, sur le chemin d’Avilly et une somme de 6 000 francs pour aider la commune dans l’achat d’un presbytère et d’une maison pour une école à Saint-Firmin, avec le logement de l’instituteur.
L’offre fut acceptée et l’abreuvoir construit. Il existe encore aujourd’hui, ainsi que le presbytère, mais, pour l’école, c’est plus incertain; les enfants de Saint-Firmin devront attendre plusieurs années avant d’obtenir un autre local.
Après la révolution de 1848, le Duc d’Aumale doit s’exiler en Angleterre. Le domaine ne fut pas confisqué mais les décrets de janvier 1852 en prononcèrent l’aliènation. Le Duc d’Aumale trouva des acquéreurs anglais pour ses biens, dont le retour éventuel lui fut assuré par des accords secrets.
Les nouveaux propriétaires s’occupèrent surtout de délimiter leurs terrains et chemin sur Vineuil. D’un commun accord avec la commune de Saint-Firmin, furent bornés les chemins :
– de Saint-Firmin à Apremont sur 1 886 mètres vers la table
– de Vineuil à Apremont sur 2 088 mètres
– de Vineuil à Saint-Firmin sur 750 mètres, c’est l’actuelle rue de la Duchesse de Chartres
– le terrain rue du Plan
Par différentes sommes versées, ils contribuèrent à l’entretien des chemins de la commune. C’est pendant ces années là que fut construite la ligne de chemin de fer de Chantilly à Senlis. L’achat des terrains nécessaires par la Compagnie du Nord allait couper des chemins conduisant à Apremont et des pièces de terre.
En 1873, les parties du chemin d’Apremont et de la rue Poissonnière au nord de la ligne construite (chemins qui rejoignaient le rond point au nord-est) furent échangées contre la Place d’Aumale, plantée d’arbres et le terrain sur lequel est construite l’école des filles.
C’est le Duc d’Aumale qui finança lui-même, à son retour en France, la construction de 2 classes et de 2 logements d’instituteurs au-dessus, cette donation fut régularisée officiellement par délibération du conseil municipal le 19 mars 1876.
En 1887, nouvel échange. Le Duc d’Aumale lotissait ses terrains situés au-delà des écoles vers la gare et la rue du Théâtre. Il propose d’échanger un chemin latéral à la voie ferrée qui avait été créé plus au sud que la rue Jeanne d’Arc actuelle contre le sol de cette nouvelle rue et la petite place triangulaire du bout plantée de tilleuls, que nous avons toujours appelée « la plaine à Mahieux (sans doute à cause du nom d’un voisin qui habitait la maison proche); depuis ces dernières années, son nom officiel est (en 1971) « Place Jeanne d’Arc ».
La superficie à échanger étant en faveur de la commune, une soulte de 1 132,50 francs fut demandée, somme que le Duc d’Aumale reverse à la commune sous forme de don.
En 1890, le Duc d’Aumale donne à la commune 40 ares de terrain au lieu-dit « le Bois Coupé » pour y construire une école de garçons, un logement pour l’instituteur et une Mairie. Cette donation était faite aux conditions suivantes :
1 clore, par des murs, le terrain donné
2 construire, en façade sud, un trottoir de 2 m.
3 ne pouvoir, sous aucun prétexte, aliéner la portion de terrain qui ne serait pas immédiatement utilisée pour l’école, en vue d’assurer pour l’avenir l’agrandissement de l’école ou des services municipaux de la commune.
Ce fut une des premières constructions dans la rue de la Duchesse de Chartres.
En octobre 1894, pour la nouvelle route d’Avilly à la sortie de Saint-Firmin, le Duc d’Aumale vend à la commune, pour la somme de 1 102,40 francs, 21 ares 58 de terres et prés nécessaires à la construction de cettte route qui évitera l’ancienne côte, trop étroite et trop raide.
Le 7 mai 1897, le Duc d’Aumale décédait dans sa propriété du Zucco en Sicile; le 9 mai, dans une adresse à son neveu le Duc de Chartres et à Madame la Comtesse de Clinchamp,
» Le conseil municipal de Saint-Firmin, réuni en session ordinaire et s’exprimant au nom des habitants et des pauvres de la commune, dont Monseigneur le Duc d’Aumale a si souvent et si généreusement soulagé les misères, croit devoir offrir à la famille d’Orléans, l’hommage de ses respectueuses et sympathiques condoléances pour la perte cruelle qu’elle vient d’éprouver ».
En octobre 1886, le Duc d’Aumale avait fait donation de son domaine de Chantilly à l’Institut de France .
L’Institut de France poursuivit l’œuvre du Duc envers la commune de Saint-Firmin. En 1904, il cède le sol des rues du Théâtre et avenue de la Gare.
En 1906, un échange de terres vers la gare de Saint-Firmin permet à la commune d’obtenir la place de la fête actuelle et les jardins ouvriers en bas, vers la Nonette. Le reste du trottoir de 2 mètres le long de la rue de la Duchesse de Chartres est compris dans cet échange.
Plus près de nous, en 1930, l’Institut consent à vendre la première parcelle du lotissement du Bois-Coupé puis, les suivantes les années durant, permettant de construire un nouveau Vineuil de plus de 130 habitations.
A la fin de l’année 1605, le hameau de Vineuil faillit devenir tragiquement célèbre.
Au soir du 19 décembre 1605, à Paris, Le Roi Henri IV, revenant de la chasse, traversait le Pont Neuf, médiocrement accompagné, lorsqu’un homme qui le guettait se précipitait sur lui, l’attrapait par son manteau et tentait de le poignarder en criant « Rends-moi mon royaume ».
Cet homme, Jacques ou Jean des Isles, était né à Vineuil (Vineux à cette époque) et avait occupé à Senlis les emplois de praticien et procureur. Désarmé par les gardes, il fut arrêté, jugé et, reconnu fou, il finit ses jours en prison. Sa date de naissance exacte nous est inconnue mais les guerres de religions avaient dû marquer son enfance. Notre région avait été en pleine effervescence pendant de longues années, subissant les luttes entre les deux parties, livrée aux brigands et aux mercenaires, au pillage, à l’insécurité des routes et à la famine.
A Vineuil, le Culte Protestant était très suivi, les fidèles avaient même construits un temple que nos ancêtres appelaient « Le Prêche des Huguenots » et c’est par le chemin des Huguenots (dont une partie existe encore dans le bois en direction du nord au-delà du golf) que les Huguenots de Creil et des pays voisins venaient à Vineuil entreprendre l’office de leur culte. Ils avaient même un cimetière où ils enterraient leurs « corréligionnaires » qui devait approximativement se situer aux alentours de la porte Saint-Louis, endroit ainsi appelé aujourd’hui.
Le renoncement de Henri IV à sa religion d’origine et les horreurs de la guerre civile l’avaient peut être traumatisé et expliqueraient son geste.
Finalement, ce sera cinq ans plus tard que Ravaillac sera la main du destin.
Ces textes sont issus des écrits de M. François Hedouin rédigés vers 1971
Merci pour ce bel article, fort bien documenté. je m’intéresse à un certain Pierre Taupin qui s’est marié à Vineuil St firmin en 1777 et qui était déclaré domestique du comte d’Auteuil. Qui était ce comte ( Philippe antoine de Gombault?) et où habitait-il ? Merci de me répondre . bien cordialement.DL